La transformation digitale, on commence par où ?

Par le commencement est la lapalissade qui me vient immédiatement à l’esprit et surtout pas par la technologie, la seconde évidence. En ce qui concerne ce second point, cela semble contre intuitif. Mais comment monsieur, vous voulez faire de la transformation digitale et ne pas commencer par la technologie ? Et bien non, surtout pas ! C’est ce vers quoi vont vous emmener les vendeurs de technologies et ce qui est normal pour eux ne l’est pas pour vous. En effet, comme nous l’avons vu dans les deux premières parties de cette série d’article sur la transformation digitale, la transformation digitale. c’est quoi ? et Dis papy, c’est quoi la transformation digitale, les deux noeuds gordiens de la question, ce sont le métier de l’entreprise et l’humain qui y travaille.

Mais qu’est-ce que tu fais doudou dis donc ?

C’est par le cœur de l’entreprise qu’il s’agit de commencer, par son ou ses métiers. A chacun de ses métiers, il convient ensuite de regarder qui sont les « disrupteurs » et quels sont leurs modus operandi. Non pas pour les copier, mais pour comprendre les mécanismes de la disruption.

Il est à noter qu'il peut exister des métiers qui ne subissent aucune disruption digitale et que dès lors, aucun transformation digitale n'est à considérer, ou au pire des cas, une légère. Prenez par exemple un artisan compagnon ou une niche de luxe occupée par peu de personnes. Il se peut que le carnet de commandes permettent de subvenir au besoin de l'entreprise pendant plusieurs années, sans qu'elle aie à se préoccuper de sa transformation digitale. Il convient cependant de se méfier des attaques sur les flancs, où la robotisation et l'automatisation permettent de parfois transformer un métier, même dans une niche très étroite.

Regardez donc tous les métiers de l’entreprise et tous ces processus industriels. Lesquels existent ailleurs sous une forme plus numérique ou sous une forme différente qui pourraient les mettre en péril. L’hotellerie et le transport individuel a su au fil des dernières années inclure dans leurs manière de fonctionner ce qui a fait le succès des AirBnB ou Uber. Mais, ces industries ont du se réinventer, parfois à coup de lobbying intense pour ne pas totalement disparaitre.

Un, deux, trois, soleil !

Et comment ça fonctionne humainement tout ça ? Quelle est la place de l’humain dans le processus ? Quelle est la part qu’il est possible d’automatiser, d’étendre, ou de transformer ? En pensant humain dès les départ, on inclut la gestion du changement dans la réflexion. Car, c’est une donnée clé : avec le changement pris en compte (et la DRH partie prenante), le projet de transformation digitale a toutes les chances d’aboutir (c’est un point sur lequel je reviens en profondeur dans le chapitre 5 de mon livre Cloud privé, hybride et public). Sans lui, c’est l’échec quasi assuré.

On implique, on regarde et on analyse le fonctionnement du processus, puis on peut commencer à penser implication de technologies numériques, sans mettre de nom d’éditeur sur ces technologies, cela viendra plus tard.

Alors, bien évidemment, il ne convient pas toujours de numériser un processus existant en tant que tel, mais bien de le revoir de haut en bas, de le transformer, de le disrupter. Rien ne doit être tabou dans la réflexion. Si le processus est antédéluvien et doit être supprimé, supprimez-le ! Vous risquez sinon de pécher par orgueil et de ne faire que la moitié du chemin. Poser un emplatre sans réduire la fracture, c’est se réveiller un jour avec une douleur qu’il ne sera plus possible d’éviter !

Fouyouyou, c’est énorme !

Menez une telle mission est un des douze travaux d’Hercule. Cela a deux avantages majeurs cependant :

  1. vous donner une cartographie de tous les métiers et processus de l’entreprise, en découvrant les redondances et les possibles économies d’échelle.
  2. permettre de discuter avec les vendeurs de solutions technologiques d’un point de vue métier et non uniquement fonctionnel.

Un troisième avantage, et non des moindres, est de pouvoir préparer le terrain des preuves de concept, en mettant en concurrence plusieurs fournisseurs d’une part, et en analysant le tronc commun d’autres parts. Rien de plus pénible de se lancer dans des projets technologiques pour se rendre en compte de la création de silos de données supplémentaires. Une des forces de la transformation digitale est la création d’un bus de données qui va permettre l’émergence naturelle de projets de big data, d’intelligence artificielle et d’apprentissage machine. Et oui, ce sont les « gros mots » du moment, mais ce sont aussi les technologies qui vont continuer à radicalement transformer nos vies. Et si vous ne les gardez pas dans un coin de votre cerveau, vous allez créer des « usines à gaz » pour le plaisir, mais pas pour l’efficacité qu’elles pourraient vous apporter.

La semaine prochaine, nous allons regarder la fameuse preuve de concept. Sans elle, pas de validation de la théorie et pas de vérification des hypothèses de travail. A la semaine prochaine !

Crédit photo Kobu Agency sur Unsplash

Dis papy, c’est quoi la transformation digitale ?

La semaine dernière nous avons vu que la transformation digitale a vraiment commencé avec l’iPhone, les services cloud et le développement des applications, il y a environ une dizaine d’années. Une dizaine d’années ! En terme de monde numérique, cela représente sans doute pas loin d’un siècle du monde physique. Non que le numérique et le physique s’opposent, mais l’innovation dans le numérique n’est pas contrainte par les réalités de la fabrication de produits physiques, et de ce fait, il devient plus rapide et moins coûteux de passer de la R&D à la production, puis aux corrections.

Regardons, par exemple, ce qu’il s’est passé avec le fameux Dieselgate, chez un constructeur automobile allemand. En gros et pour faire court, l’agence environnementale américaine découvre que certains véhicules (bon, plusieurs millions) ont été trafiqués à la source pour satisfaire à certaines normes, mais en fait ne sont pas conformes. Résultat des courses, le constructeur non seulement écope d’une amende, mais en plus doit rappeler des millions de véhicules pour les remettre aux normes. Et ça lui coûte des milliards. Ça coûte aussi son poste au pédégé, mais bon, c’est une dommage dit collatéral.

Restons dans le monde de l’automobile, cette fois quelques jours avant l’ouragan Irma qui s’apprète à frapper les États-Unis. Le constructeur de célèbres voitures électriques fait une mise à jour, à distance, pour permettre à tous les propriétaires d’un certain modèle de parcourir 50 kilomètres de plus pour se mettre à l’abri. Ce débridage normalement payant est offert temporairement.

Vous voyez la différence entre les deux approches qui pourtant, à priori, concerne dans les deux cas du logiciel. Et bien, on peut dire, en simplifiant un peu, que nos amis allemands n’ont pas encore totalement fait leur transformation digitale, là où la marque américaine, issue de l’époque numérique, est en plein dedans.

Papy fait de la résistance !

Dix ans, disais-je donc, autrement dit, un siècle ! D’où le « papy, c’est quoi la transformation digitale ? » Car oui, si on va voir les pédégés des grands entreprises physiques (toutes celles nées avant 2000 en gros, et il y en a beaucoup), ils sont tous d’accord que la transformation digitale c’est important, qu’il faut la faire, mais ils sont aussi à peu près d’accord pour dire qu’il n’ont pas le début du commencement de l’idée de comment s’y prendre.

Car oui, le temps presse. Il semble s’accélérer même. Les entreprises du numériques « disruptent » les entreprises du monde réel (oui je sais, les entreprises du numériques sont réelles, mais vous voyez ce que je veux dire, et si vous ne voyez pas, et bien c’est une excellente raison de continuer à lire cette série d’articles). Elles les mettent à mal, elles les forcent à se réinventer et à se remettre en question. Et quand ce ne sont pas les compétiteurs, ce sont les clients, ces petits êtres infidèles qui cultivent leur bosse les yeux rivés sur leur smartphone.

Alors, si Satya Nadella dit que « Chaque entreprise est une entreprise logicielle », ce n’est pas parce que c’est le pédégé de Microsoft qu’il faut le suivre aveuglément. Il a une sauce à vendre, des employés à payer et son bonus à toucher (je sais, je suis réducteur, mais le capitalisme c’est avant tout faire du profit, faire encore du profit et pour finir faire du profit). Comme moi ! C’est pourquoi, on ne peut pas tout réduire au logiciel. Bien évidemment, Gates, Jobs et consorts avaient compris bien avant nous, pauvres mortels, que le futur serait logiciel. Mais réduire la transformation digitale au logiciel, c’est comme oublier l’estragon dans la béarnaise, un sacrilège !

Certes, le logiciel est un des composants de la transformation digitale, mais ce n’est ni l’unique, ni le central. Le pire est que si l’on prend une approche logicielo-centrique, on va droit dans le mur, comme vous le découvrirez dans cette série d’article. C’est une des raisons pour lesquelles les éditeurs de logiciel sont souvent les moins bien placés pour parler de transformation digitale (désolé Microsoft, Oracle et consorts).

La Force, jeune padawan, est en toi !

Ce qui fait la puissnnce des chevaliers Jedi, ce n’est pas la Force, contrairement à ce que l’on croit. C’est leur capacité à utiliser la Force, à bon escient, au bon endroit et au bon moment. La transformation digitale c’est la même chose. Ce n’est pas le logiciel, c’est la capacité de l’organisation à l’utiliser à bon escient, au bon endroit et au bon moment.

Ne nous limitons cependant pas au logiciel, mais étendons la réflexion à la technologie dans son ensemble. Certes, il faudra du logiciel pour extraire les information d’un maillage d’objets connectés, mais sans ces objets et les données qu’ils fournissent, le logiciel est comme le système de pilotage d’une voiture sans la voiture. Encore faut-il avoir prévu les objets avant de réfléchir au logiciel. C’est un peu l’histoire de la poule et l’oeuf. Sachant qu’avant d’envisager d’avoir des poules, faut-il encore ce demander si ce sont vraiment des poules dont on a besoin.

Quelle est donc la mission de notre chevalier Jedi pour laquelle il va utiliser la Force ? C’est la raison d’être de l’organisation. Où va-t-elle ? Quels sont les choix stratégiques ? Je ne vais pas revenir sur la vie, l’évolution et la mort des organisations, mais la transformation digitale amène à ce poser ces questions et à y trouver des réponses dans laquelle la technologie n’est pas un « nice-to-have », mais un composant central. Elle ne devient pas le support, mais le moteur. Et oui, cela demande à ce que le comité exécutif et le conseil d’administration s’y intéresse de près et mettent le CIO/CTO au coeur du dispositif de pilotage, en partenariat fort avec le CHRO, car dans transformation digitale il y a digitale, la technologie, et transformation, l’humain. Faire abstraction de l’humain, c’est allez dans le mur, comme le décrit cet article de la Tribune.

Le robot n’est pas l’avenir de l’humain

La transformation digitale n’est donc pas la numérisation de l’humain ou l’automatisation de toutes les processus et systèmes de l’entreprise. La transformation digitale est une transformation de l’expérience des collaborateurs et des clients de l’organisation. S’il s’agit d’une organisation publique, lisez administrés en lieu et place de clients.

Ce n’est pas une suppression pure et simple des employés ou la création d’une séparation opaque entre clients et organisation par l’introduction de robots et autres chatbots. C’est, je le répète, la transformation de l’expérience des clients/administrés et des collaborateurs.

Que l’on ajoute de l’automatisation et de la technologie, que l’on change les process et les systèmes, que les usages et les emplois évoluent, c’est tout ça la transformation digitale. Elle doit partir de tout en haut de l’organisation, avec la nomination d’un directeur exécutif en charge de son pilotage. Elle doit concerner enfin toute l’organisation et pas uniquement des portions. Une étude du cabinet Forrester de 2017 commandé par Microsoft montre qu’en suivant une stratégie de transformation digitale complète, la valeur délivrée aux clients est supérieure sans encourir les problèmes rencontrés par des approches plus parcellaires.

Maintenant que les bases sont posées, on commence par où ? Et bien, nous verrons cela la semaine prochaine !

Crédit Photo MontyLov sur Unsplash

Cloud privé, hybride et public, le livre !

Au cas, où vous l’auriez manquer, le livre Cloud privé, hybride et public de Marc Israel, est disponible en français et en anglais.

Pour la version française, rendez-vous directement sur le site des editions ENI ou sur Amazon (cliquez sur une des images ci-dessous):

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Bonne lecture !

La transformation digitale, c’est quoi ?

Transformation digitale par ci, transformation numérique par là… la transformation des organisations grâce (à cause) des outils numériques est partout. Il ne se passe pas un jour dans le monde, une heure dans la presse en ligne, une minute sur twitter, sans qu’on nous annonce un nouvel outil, une nouvelle méthodologie, un nouveau succès de transformation digitale. Les PDGs sont interrogés par leur conseil d’administration sur la stratégie digitale de l’entreprise. Pensez donc ! McKinsey, la Harvard Business Review et même l’Usine Nouvelle en parle comme étant super, super stratégique. Alors bien évidemment, il faut que toute bonne organisation qui se respecte ait sa stratégie de transformation digitale.

Bon, tout ça c’est bien. Mais, c’est comme le cloud, les millenials et l’outsourcing. Il y a beaucoup de marketing, un hype surdimensionné et surtout, surtout, beaucoup, beaucoup, beaucoup de BS (Bullshit en anglais, à prononcer bihesse – avec un h muet, ça fait classe dans les diners –  autrement dit, beaucoup de bruit pour rien, surtout pour payer une forture des cabinets de consultants).

Il y a cependant des vrais réalités, des vrais besoins et de vrais écueils aux transformations digitales. Car oui, il n’y a pas une mais des transformations digitales. C’est la première série de post que nous vous proposons dans le cadre des activités de marketing digital d’Aetheis: démystifier la transformation digitale et surtout, surtout, surtout, savoir comment s’y prendre pour faire vite, efficace et économique ! Prêt ? Alors c’est parti.

Pour commencer et maintenant que nous avons violemment dégonflé le ballon de baudruche, commençons par le commencement et voyons ce qu’il en est réellement et objectivement de la transformation digitale.

La transformation digitale, d’où vient cette riche idée ?

Sans vouloir être présomptueux et à moins que vous ayez vécu dans une cave ou sur une ile déserte ces 20 dernières années, vous ne pourrez pas me contredire si je vous assène que les technologies de l’information (l’informatique) sont partout. A commencer dans votre poche, au travers de ce petit appareil mobile que l’on appelle smartphone. Cela vous rappelle que c’est d’abord un téléphone et qu’ensuite, il est smart (intelligent).

Alors, informatique, technologies de l’information, ordinateurs, tablettes, smartphones, objets connectés et j’en passe et des meilleurs, cela fait plus de 40 ans qu’ils ont envahis notre quotidien (pour ceux qui ont la mémoire courte comme moi, le premier Apple date de 1976 et le premier IBM PC date de 1981). Depuis ce moment, il s’est passé un événement primordial : l’adoption d’internet (et du protocole TCP/IP). Date officiel? 1983. Réellement? Les années 90. Globalement? Le début des années 2000 et surtout, surtout le 9 janvier 2007. Que s’est-il passé le 9 janvier 2007 ? Le lancement du premier iPhone ! (qui ne sera disponible commercialement que le 29 juin de la même année).

Si vous ne vous en rappelez pas, je vous invite à revoir la vidéo de son lancement (à partir d’1:54). Ce jour de janvier, Steve Jobs annonce trois nouveaux appareils :

  1. Un iPod avec un grand écran tactile
  2. Un téléphone révolutionnaire
  3. Un appareil internet avant-gardiste

Cela s’avèrera être en fait trois fonctions d’un appareil unique qu’il baptise iPhone !

En cette année 2007, Steve Jobs et Apple ne font pas que réinventer le téléphone. Ils viennent de rendre l’internet mobile et d’inventer une nouvelle catégorie de produit : l’application mobile. Le monde est alors rentré dans une nouvelle ère. Celui de la transformation digitale.

En parallèle de cet événement, a démarré quelques années avant, en 2003, un service quasi unique : Amazon Web Services. Si le vendeur de tout en ligne, Amazon, commence à se faire connaitre, AWS est inconnu en Europe. Parmi ses premiers clients, on va trouver cette nouvelle race d’entreprise : la startup ! Car si on a déjà de nombreuses entreprises digitales qui se créent, elles nécessitent des infrastructures qui engloutissent du capital. En mutualisant les ressources informatiques, les business angels et autres venture capitalists peuvent investir moins dans les infrastructures et plus dans les idées et les hommes. Une aubaine qui va assurer le développement d’AWS.

Alors donc, nous voilà en 2007 avec les ingrédients du nouveau monde qui nait : l’iPhone, le cloud et les startups. Ajoutez à tout cela la crise des subprimes et la faillite de quelques banques « too big to fail », les années qui allaient suivre allaient donc être celles de la « disruption ». Uber qui remet en question le modèle de la possession de la voiture. AirBnB qui vaut plus que Starwood sans posséder un seul hôtel. Amazon remet en question la suprématie de Walmart aux USA. En gros et pour faire simple, les géants indétrônables devenaient des cibles de la disruption, du chagement de « business model ». Il fallait réagir et vite ! Si les technologies numériques étaient à l’origine de ces transformations, et bien que l’on utilise le numérique pour transformer les business traditionnelles. La transformation digitale était née !

La semaine prochaine : Dis papy, c’est quoi la transformation digitale ?

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