Dis papy, c’est quoi la transformation digitale ?

La semaine dernière nous avons vu que la transformation digitale a vraiment commencé avec l’iPhone, les services cloud et le développement des applications, il y a environ une dizaine d’années. Une dizaine d’années ! En terme de monde numérique, cela représente sans doute pas loin d’un siècle du monde physique. Non que le numérique et le physique s’opposent, mais l’innovation dans le numérique n’est pas contrainte par les réalités de la fabrication de produits physiques, et de ce fait, il devient plus rapide et moins coûteux de passer de la R&D à la production, puis aux corrections.

Regardons, par exemple, ce qu’il s’est passé avec le fameux Dieselgate, chez un constructeur automobile allemand. En gros et pour faire court, l’agence environnementale américaine découvre que certains véhicules (bon, plusieurs millions) ont été trafiqués à la source pour satisfaire à certaines normes, mais en fait ne sont pas conformes. Résultat des courses, le constructeur non seulement écope d’une amende, mais en plus doit rappeler des millions de véhicules pour les remettre aux normes. Et ça lui coûte des milliards. Ça coûte aussi son poste au pédégé, mais bon, c’est une dommage dit collatéral.

Restons dans le monde de l’automobile, cette fois quelques jours avant l’ouragan Irma qui s’apprète à frapper les États-Unis. Le constructeur de célèbres voitures électriques fait une mise à jour, à distance, pour permettre à tous les propriétaires d’un certain modèle de parcourir 50 kilomètres de plus pour se mettre à l’abri. Ce débridage normalement payant est offert temporairement.

Vous voyez la différence entre les deux approches qui pourtant, à priori, concerne dans les deux cas du logiciel. Et bien, on peut dire, en simplifiant un peu, que nos amis allemands n’ont pas encore totalement fait leur transformation digitale, là où la marque américaine, issue de l’époque numérique, est en plein dedans.

Papy fait de la résistance !

Dix ans, disais-je donc, autrement dit, un siècle ! D’où le « papy, c’est quoi la transformation digitale ? » Car oui, si on va voir les pédégés des grands entreprises physiques (toutes celles nées avant 2000 en gros, et il y en a beaucoup), ils sont tous d’accord que la transformation digitale c’est important, qu’il faut la faire, mais ils sont aussi à peu près d’accord pour dire qu’il n’ont pas le début du commencement de l’idée de comment s’y prendre.

Car oui, le temps presse. Il semble s’accélérer même. Les entreprises du numériques « disruptent » les entreprises du monde réel (oui je sais, les entreprises du numériques sont réelles, mais vous voyez ce que je veux dire, et si vous ne voyez pas, et bien c’est une excellente raison de continuer à lire cette série d’articles). Elles les mettent à mal, elles les forcent à se réinventer et à se remettre en question. Et quand ce ne sont pas les compétiteurs, ce sont les clients, ces petits êtres infidèles qui cultivent leur bosse les yeux rivés sur leur smartphone.

Alors, si Satya Nadella dit que « Chaque entreprise est une entreprise logicielle », ce n’est pas parce que c’est le pédégé de Microsoft qu’il faut le suivre aveuglément. Il a une sauce à vendre, des employés à payer et son bonus à toucher (je sais, je suis réducteur, mais le capitalisme c’est avant tout faire du profit, faire encore du profit et pour finir faire du profit). Comme moi ! C’est pourquoi, on ne peut pas tout réduire au logiciel. Bien évidemment, Gates, Jobs et consorts avaient compris bien avant nous, pauvres mortels, que le futur serait logiciel. Mais réduire la transformation digitale au logiciel, c’est comme oublier l’estragon dans la béarnaise, un sacrilège !

Certes, le logiciel est un des composants de la transformation digitale, mais ce n’est ni l’unique, ni le central. Le pire est que si l’on prend une approche logicielo-centrique, on va droit dans le mur, comme vous le découvrirez dans cette série d’article. C’est une des raisons pour lesquelles les éditeurs de logiciel sont souvent les moins bien placés pour parler de transformation digitale (désolé Microsoft, Oracle et consorts).

La Force, jeune padawan, est en toi !

Ce qui fait la puissnnce des chevaliers Jedi, ce n’est pas la Force, contrairement à ce que l’on croit. C’est leur capacité à utiliser la Force, à bon escient, au bon endroit et au bon moment. La transformation digitale c’est la même chose. Ce n’est pas le logiciel, c’est la capacité de l’organisation à l’utiliser à bon escient, au bon endroit et au bon moment.

Ne nous limitons cependant pas au logiciel, mais étendons la réflexion à la technologie dans son ensemble. Certes, il faudra du logiciel pour extraire les information d’un maillage d’objets connectés, mais sans ces objets et les données qu’ils fournissent, le logiciel est comme le système de pilotage d’une voiture sans la voiture. Encore faut-il avoir prévu les objets avant de réfléchir au logiciel. C’est un peu l’histoire de la poule et l’oeuf. Sachant qu’avant d’envisager d’avoir des poules, faut-il encore ce demander si ce sont vraiment des poules dont on a besoin.

Quelle est donc la mission de notre chevalier Jedi pour laquelle il va utiliser la Force ? C’est la raison d’être de l’organisation. Où va-t-elle ? Quels sont les choix stratégiques ? Je ne vais pas revenir sur la vie, l’évolution et la mort des organisations, mais la transformation digitale amène à ce poser ces questions et à y trouver des réponses dans laquelle la technologie n’est pas un « nice-to-have », mais un composant central. Elle ne devient pas le support, mais le moteur. Et oui, cela demande à ce que le comité exécutif et le conseil d’administration s’y intéresse de près et mettent le CIO/CTO au coeur du dispositif de pilotage, en partenariat fort avec le CHRO, car dans transformation digitale il y a digitale, la technologie, et transformation, l’humain. Faire abstraction de l’humain, c’est allez dans le mur, comme le décrit cet article de la Tribune.

Le robot n’est pas l’avenir de l’humain

La transformation digitale n’est donc pas la numérisation de l’humain ou l’automatisation de toutes les processus et systèmes de l’entreprise. La transformation digitale est une transformation de l’expérience des collaborateurs et des clients de l’organisation. S’il s’agit d’une organisation publique, lisez administrés en lieu et place de clients.

Ce n’est pas une suppression pure et simple des employés ou la création d’une séparation opaque entre clients et organisation par l’introduction de robots et autres chatbots. C’est, je le répète, la transformation de l’expérience des clients/administrés et des collaborateurs.

Que l’on ajoute de l’automatisation et de la technologie, que l’on change les process et les systèmes, que les usages et les emplois évoluent, c’est tout ça la transformation digitale. Elle doit partir de tout en haut de l’organisation, avec la nomination d’un directeur exécutif en charge de son pilotage. Elle doit concerner enfin toute l’organisation et pas uniquement des portions. Une étude du cabinet Forrester de 2017 commandé par Microsoft montre qu’en suivant une stratégie de transformation digitale complète, la valeur délivrée aux clients est supérieure sans encourir les problèmes rencontrés par des approches plus parcellaires.

Maintenant que les bases sont posées, on commence par où ? Et bien, nous verrons cela la semaine prochaine !

Crédit Photo MontyLov sur Unsplash

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